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Sobriété ?  Mauvaise idée

Les écologistes prônent la sobriété et la décroissance, prétendument incontournables pour répondre à la destruction de l’environnement, invoquant les limites de la croissance dans un monde fini.

Cet argument ne manque pas de pertinence à première vue. C’est celui de déconsidéré aujourd’hui au point que le mot « Malthusianisme » soit chargé d'une connotation nettement péjorative au point que sa simple évocation ait pratiquement acquis la valeur d’un argument définitif.

Il est vrai que Malthus s’est lourdement trompé dans ses prévisions.

Sa théorie était une considération simple pour ne pas dire simpliste : Toutes les espèces animales ont un taux de reproduction tel que leur population atteint rapidement un seuil qui dépasse la nourriture disponible. En pratique cependant, chaque espèce atteint un équilibre où les naissances équilibrent les décès, à un niveau qui dépend des ressources disponibles.

En fait, sa théorie n’était pas foncièrement incorrecte, elle était seulement incomplète. Ses prévisions reposaient en effet sur le présupposé inexact que les ressources disponibles dans un monde fini sont également finies et invariantes.

Ce n’est cependant pas le cas car les ressources disponibles varient avec un changement d’environnement et en particulier avec les progrès techniques, qui permettent d’engendrer une augmentation des ressources. Au cours des derniers siècles et particulièrement des dernières décennies, l’humanité a bénéficié d’une considérable augmentation des ressources agricoles, à la base de toutes les chaines alimentaires, par l’effet conjugué de la mécanisation et des engrais, et aussi de l’augmentation du taux de CO2. Les deux premiers facteurs se sont déployés grâce aux nouvelles énergies et en particulier grâce aux moteurs thermiques et électriques.

Une majoration des ressources permet donc d’élever l’équilibre d’une population à un niveau supérieur. Le processus est néanmoins limité dans un monde fini et sur ce plan Malthus avait raison.

L’humanité dépend des ressources disponibles, en particulier énergétiques et alimentaires. Si on peut concevoir, du moins en théorie, la disponibilité d’une énergie pratiquement sans limite grâce à l’énergie nucléaire, les ressources alimentaires dépendent des rendements et des surfaces cultivables, qui ont nécessairement une limite absolue même s’il reste une marge de progression.

L’humanité nécessite bien entendu d’autres ressources, comme l’eau potable et des matières premières ; mais leur disponibilité n’est pas limitée dans l’absolu, ou du moins les quantités disponibles se situent très au-delà des limites alimentaires et elles n’ont donc pas de limitation pratique, avec toutefois cette réserve que leur disponibilité peut s’avérer de plus en plus difficile sur le plan technique et donc économique.

Toutes les ressources matérielles élémentaires, l’eau et les molécules simples, sont néanmoins invariantes en quantité dans la croute terrestre. Elles sont donc théoriquement indéfiniment disponibles, sauf qu’avec le temps elles se diluent dans l’environnement, ce qui rend leur recyclage de plus en plus difficile. Par exemple l’eau est toujours aussi abondante qu’autrefois mais une partie est contaminée de polluants nombreux qu'il est difficile d'éliminer et le recyclage des métaux dans les machines en fin de vie et dans surtout dans les bâtiments peut être problématique. D'autre part certaines molécules simples peuvent se transformer, comme l’hydrogène qui se couple aisément avec l’oxygène pour former l’eau, une molécule très stable.

Pour autant, ces difficultés ne sont pas insurmontables ; la question est essentiellement technique et économique. On peut recycler les métaux en les extrayant des structures complexes comme les bâtiments et les décharges, comme c'est déjà le cas en partie pour les machines usagées, et on peut retrouver l’hydrogène à partir de l’eau par hydrolyse. Même les hydrocarbures peuvent être synthétisés, à partir du charbon mais aussi de la biomasse. La disponibilité des matières premières se réduit donc finalement à la disponibilité d'énergie.

Le problème posé, que peut apporter la sobriété ? Une seule chose :

permettre à la population humaine de trouver son équilibre à un niveau supérieur, où elle se retrouvera de nouveau limitée par les ressources, en particulier alimentaires.

D’où la question : Est-il préférable de vivre nombreux dans la sobriété ou moins nombreux dans l’opulence ? Dans les deux cas, il ne fait aucun doute que les ressources seront finalement utilisées au maximum: Il n’est pas d’exemple où une population ait accepté la sobriété sans autre contrainte que la limitation des ressources disponibles. Or, dans la sobriété la répercussion environnementale sera plus grande que dans l'opulence, le nombre d'individus plus élevé disposant d'un espace individuel plus restreint et exerçant de ce fait une pression sur l'environnement plus importante et une pollution totale également plus élevée.

En conclusion, dans le monde fermé qui est le nôtre, la sobriété ne peut en aucun cas être une solution préservant l’environnement et l’espace vital des autres espèces : c’est exactement le contraire…

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